Les Fransaskois divisés sur les critères d’admission à l’ACF

La photo montre la présidente de l'ACF, Françoise Sigur-Cloutier.
La présidente de l'ACF,

REGINA – Le torchon brûle entre la direction de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) et certains de ses membres. Les raisons? La volonté d’ajouter les critères de citoyenneté canadienne ou de la résidence permanente pour devenir membre. Une modification de l’article 8 de l’Assemblée jugée « discriminatoire » pour certains.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

L’ambiance était même plutôt tendue, samedi 24 juin, lors de l’assemblée générale annuelle à Prince Albert. Conséquence : le vote sur les critères d’adhésion a été reporté au Rendez-vous fransaskois, en novembre.

Le projet défendu en a fait sourciller plus d’un, parmi la centaine de membres inscrits durant l’AGA. À commencer par Yassine El Bahlouli, résident permanent d’origine marocaine installé à Regina depuis un an. « Ce n’est pas normal que l’ACF veuille regarder les réfugiés africains, asiatiques, ou encore les étudiants internationaux comme des personnes qui n’ont pas d’engagements dans la Francophonie sur une durée (…) En arrivant en Saskatchewan comme étudiant international, j’étais moi-même engagé dans plusieurs associations. »

Pour lui, ces modifications vont à l’encontre des données transmises au gouvernement fédéral. « Lorsque l’ACF fournit des statistiques au gouvernement sur le nombre de francophones, cela inclut aussi les résidents temporaires. »

Un son de cloche partagé par Patrice N’Gouandi, député de l’ACF pour Saskatoon (la gouvernance de l’ACF fonctionne sur un modèle de 13 districts électoraux, et donc d’une « mini-assemblée »). Ce dernier était d’ailleurs monté aux barricades, quelques jours avant l’AGA, en remettant à la direction de l’ACF une pétition pour dénoncer les changements possibles à l’article 8.

« Il n’y a pas de différentes catégories de francophones, il y a des francophones, un point c’est tout », explique-t-il en entrevue pour #ONfr. « Dans ce cas, on peut effectivement parler d’un Apartheid communautaire, car l’ACF ne représenterait plus les 48 000 personnes capables de s’exprimer en français en Saskatchewan. »

Des affirmations erronées selon la présidente de l’ACF, Françoise Sigur-Cloutier, en entrevue pour #ONfr. « Cette modification ne concerne qu’un nombre de personnes extrêmement minime. Nous voulons nous mettre en règle avec la loi provinciale de 1995 sur les sociétés sans but lucratif. »

Et de poursuivre : « Je comprends que lorsqu’on arrive dans un nouveau pays, on ne veut pas se sentir exclu, mais il y a toujours des règles. »

Selon elle, cette même volonté de se conformer à la loi provinciale a poussé l’Assemblée à de nombreuses révisions de status dans les trois dernières années. Parmi celles votées en fin de semaine : la question des vacances, le nombre de districts électoraux et le mandat des élus de l’Assemblée qui passera de quatre ans à trois ans.

 

Des ratés dans la communication

Toujours-est-il que la communication a connu des ratés. Mme Sigur-Cloutier reconnait que le message a « mal été compris ». Un sentiment de frustration en somme. « Notre message est passé, mais celui de l’Apartheid est encore mieux passé (…) Ce sont des mots excessifs. »

Des membres reprochent aussi à l’ACF les difficultés rencontrées à l’inscription de l’AGA, ce samedi. « On ne pouvait pas se présenter sur place pour s’inscrire, mais il fallait s’inscrire plusieurs jours avant », résume M. El Bahlouli. « C’est une différence avec les autres années où nous étions nettement plus d’inscrits pour l’AGA. »

Sans compter que de nombreux problèmes techniques ont émaillé l’assemblée générale de samedi, selon Radio-Canada. Il n’était pas toujours possible de joindre les membres à distance ne pouvant être physiquement présents à Prince Albert. « Nous avons une population très dispersée (…) Il faudra donc mieux se comprendre et se parler au mois de novembre », précise la présidente.

 

Un appel à la démission de Françoise Sigur-Cloutier

Reste que le débat à l’automne viendra quelques jours après les élections au sein de l’appareil de l’ACF. Et à ce sujet, les mots de M. N’Gouandi ne sont pas tendres à l’encontre de l’actuelle présidente.

« Elle devrait démissionner. J’espère en tout cas qu’elle aura le courage de ne pas se représenter à son poste de présidente. »

Si le débat divise l’ACF, qu’en est-il des critères du côté de l’« organisme-cousin » en Ontario? Après vérification auprès de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), il apparait que la citoyenneté canadienne ou la résidence permanente sont bien obligatoires pour faire partie de l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens.