L’Ontario somme le gouvernement fédéral de revenir à la table de discussion

Le ministre des Finances de l’Ontario, Charles Sousa, et le ministre de la Santé, Eric Hoskins. Crédit photo: Jean-François Morissette

TORONTO – Faisant écho aux premiers ministres des provinces toujours sans accord avec Ottawa, les ministres Charles Sousa et Eric Hoskins ont sommé le gouvernement fédéral de revenir à la table des discussions pour parvenir à une entente multilatérale pour les transferts fédéraux en santé.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE 
jmorissette@tfo.org@JFMorissette72

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Le ministre des Finances de l’Ontario, Charles Sousa, continue d’affirmer que le front commun des provinces est toujours uni, malgré la signature d’entente bilatérale entre sept provinces et le gouvernement fédéral au cours des dernières semaines.

Pour lui, seulement 10 % de la population canadienne est touchée par les ententes bilatérales signées et les provinces restantes représentent un nombre bien plus significatif de Canadiens.

« La discussion est toujours en cours et j’appelle le gouvernement fédéral à venir nous rencontrer et à négocier », a-t-il déclaré aux médias, le mercredi 18 janvier, dans les couloirs de Queen’s Park.

Même son de cloche chez le ministre de la Santé et des soins de longues durées, Eric Hoskins.

« Chaque province regarde cet enjeu selon sa propre réalité et je crois qu’il est important de souligner qu’hier (mardi), les premiers ministres des différentes provinces ont réitéré leur engagement d’arriver à une entente bénéfique à long terme », a-t-il constaté.

Mardi, une lettre commune des premiers ministres de l’Ontario, du Québec, du Manitoba, de la Colombie-Britannique, des Territoires du Nord-Ouest, de l’Île-du-Prince-Édouard, du Nunavut, du Yukon, de l’Alberta et de la Saskatchewan a été envoyée au gouvernement fédéral dans le but de ramener les parties à la table des discussions.

« Il y a une demande légitime des premiers ministres de rencontrer le premier ministre du Canada (Justin Trudeau) sur cet enjeu spécifique dans le but d’arriver à une véritable collaboration », a expliqué le ministre Hoskins.

Depuis des semaines, le gouvernement de l’Ontario milite pour une hausse annuelle des transferts fédéraux en santé de 5,2 %. Selon le ministre Hoskins, sans une hausse annuelle de plus de 5 %, la province aura de la difficulté à maintenir le rythme et à offrir des soins de santé similaires à long terme, notamment en ce qui a trait aux soins offerts dans le domaine de la santé mentale et dans les centres de soins longue durée.

Le ministre de la Santé, Eric Hoskins

Bien que les autres provinces aient signé des accords inférieurs à la demande de l’Ontario, le ministre Sousa et le ministre Hoskins ont assuré tenir mordicus à leur demande.

« Toutes les preuves sont là pour nous indiquer que nous devons financer notre système. (…) Nous sommes consistants et nous demandons au gouvernement fédéral de revenir à la table des discussions », a martelé le ministre Sousa.

Un front commun qui s’effrite

Malgré la lettre commune envoyée à Ottawa cette semaine, le front uni qui s’était présenté le 19 décembre dernier devant les ministres fédéraux des Finances et de la Santé, Bill Morneau et Jane Philpott, commence sérieusement à montrer des signes de faiblesse. Avant les Fêtes de fin d’année, les provinces et territoires avaient échoué à trouver un terrain d’entente avec le fédéral sur les transferts en santé.

Le 22 décembre, la province du Nouveau-Brunswick, avait signé une entente bilatérale avec Ottawa sur la question incluant une hausse annuelle des transferts limités à 3,5%. En agissant de la sorte, la province des maritimes était devenue la première à briser le front commun de négociation. Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse lui avaient emboîté le pas, imitées ensuite par les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut, le Yukon, au début de cette semaine, puis la Saskatchewan, le mardi 17 janvier.

Le porte-parole de la ministre Philipott, qui se trouve actuellement en Europe, Andrew MacKendrick, a assuré à #ONfr que le gouvernement de Justin Trudeau reste ouvert à la négociation, sans toutefois vouloir revoir sa proposition.

« Nous restons ouverts aux discussions avec les provinces. Nous avons essayé de trouver une entente collective avant Noël et travaillons désormais avec chaque province individuellement. Les conditions restent les mêmes que celles que nous avions proposées et nous espérons trouver une solution. »

Faute d’une entente, c’est l’accord négocié à l’époque du gouvernement conservateur qui prendra effet à compter du 1er avril prochain et qui inclut une hausse des transferts d’Ottawa vers les provinces et territoires de 3 % par année en santé. L’Ontario est la province qui recevra le plus gros montant en matière de transferts fédéraux en santé, avec 14,33 milliards de dollars prévus en 2017-2018.

L’attitude du gouvernement fédéral a été fustigée par le porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de santé, Don Davies.

« Après son échec à négocier de façon équitable en vue de parvenir à un nouvel Accord sur la santé avec toutes les provinces, le gouvernement fédéral utilise des tactiques de discorde afin de mettre de la pression sur les dirigeants provinciaux pour que ceux-ci acceptent ses importantes compressions dans les transferts en santé. Cette approche de division met en péril l’obligation légale visant à assurer la prestation de services de santé équivalents à l’échelle du pays. (…) Nous craignons que cela puisse avoir des répercussions négatives sur les soins de santé à l’échelle du pays, si des exemptions semblables étaient incluses dans les accords signés avec d’autres provinces. »