Tests de l’OQRE : des bons résultats à nuancer

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OTTAWA – Les 12 conseils scolaires francophones de l’Ontario continuent de se démarquer aux tests de l’Office de la qualité et de la responsabilité en éducation (OQRE). Toutefois, selon les résultats diffusés le mercredi 20 septembre, cette réussite demeure inégale selon les régions et les conseils.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

D’un point de vue général, les résultats dévoilés par l’OQRE permettent de constater une stabilité au niveau élémentaire au test de lecture pour les 3e et 6e années, une baisse des résultats au test d’écriture pour les 3e année, qui sont passés de 81 % en 2015-2016 à 78 % en 2016-2017, et une baisse pour les deux niveaux en mathématiques.

Au niveau secondaire, les résultats aux tests de mathématiques sont demeurés stables, avec 85 % de taux de réussite, alors que les résultats au test provincial de compétences linguistiques ont progressé comme le révélait le rapport de l’OQRE, dévoilé en août, et qui rapportait un taux de réussite au Test provincial de compétences linguistiques (TPCL) encore en progrès chez les élèves des écoles de langue française.

« Les données indépendantes de l’OQRE offrent un instantané fiable et précieux de ce qui se passe dans nos salles de classe. Les conseillères et conseillers scolaires sont responsables de l’amélioration du rendement des élèves, et les données de l’OQRE peuvent à la fois aider à mettre en place des plans d’amélioration à l’échelle locale et favoriser la responsabilité au sein de notre système éducatif public », explique, dans un communiqué, le président du conseil d’administration de l’OQRE, Dave Cooke.

Plus difficile dans le Nord

À y regarder de plus près, le taux de réussite des élèves diffère selon les régions et les conseils scolaires.

Ainsi, les conseils scolaires Franco-Nord, Aurores Boréales, des Grandes-Rivières, ainsi que le Conseil scolaire public du Nord-Est de l’Ontario se situent au-dessous de la moyenne provinciale des conseils scolaires francophones au niveau élémentaire.

À Thunder Bay, le Conseil scolaire de district catholique des Aurores-Boréales obtient les moins bons résultats pour les tests de lecture et d’écriture en 3e année et 6e année, et pour le test d’écriture en 6e année. Le Conseil scolaire public du Grand Nord de l’Ontario obtient les moins bons résultats en lecture pour les élèves de 6e année et en mathématique pour le même niveau, à égalité avec le Conseil scolaire catholique de district des Grandes-Rivières.

Au niveau secondaire, les conseils du Nord-Est, Nouvel-Ontario, Providence, Franco-Nord et du Grand Nord se situent sous la moyenne provinciale, le Conseil scolaire public du Nord-ESt obtenant les moins bons résultats au Test provincial de compétences linguistiques et en mathématiques.

L’Est ontarien se distingue

En revanche, les résultats sont au-delà de la moyenne provinciale dans l’Est de la province.

Ainsi, le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE), qui compte le plus d’élèves évalués, a dépassé les taux de réussite provinciaux aussi bien au niveau élémentaire que secondaire, obtenant les meilleurs résultats en écriture, lecture et mathématique des 3e et 6e années, à égalité avec le Conseil scolaire MonAvenir de Toronto pour le test de mathématiques  de 6e année.

Le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO) a quant à lui le meilleur taux de réussite des tests linguistiques et de mathématiques au secondaire.

Des différences à nuancer

Selon Joanne Rinella, directrice de l’évaluation à l’OQRE, il convient toutefois de manier ces données avec prudence.

« À l’OQRE, nous ne faisons pas de comparaison entre les conseils scolaires, car chaque conseil scolaire est unique, surtout dans le système d’éducation en français. Certains conseils sont dans des régions urbaines, d’autres couvrent un immense territoire, certains ont quelques écoles, d’autres beaucoup plus, toutes n’ont pas le même nombre d’élèves… C’est très difficile de les comparer. Mais ce qu’on constate, c’est que les résultats demeurent excellents, si ce n’est peut-être au niveau des mathématiques, coursac appliqué. »

Le président de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO), Denis Chartrand, met en garde.

« Les résultats sont encore très bons cette année, mais il faut faire attention aux comparaisons entre les conseils. C’est une erreur que font beaucoup de parents qui « magasinent » leurs écoles en se servant de ces résultats. Les tests de l’OQRE ne signifient pas que l’instruction est bonne ou mauvaise, c’est plus un indicateur qui nous permet de savoir comment aider les élèves. Pour nous, ce qui est surtout important, c’est de voir une progression chez les élèves entre les tests de 3e, 6e et 9e année. »

Le président de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC), Jean Lemay, suggère une explication.

« Chaque conseil est particulier et dans certains, l’accueil de nombreux ayants droit ne parlant pas bien le français constitue un défi qui peut avoir une incidence sur les résultats. Mais de manière générale, les résultats de nos conseils scolaires sont très bons et je pense que nous tirons la province vers le haut, même si notre nombre d’élèves est plus petit. Il reste toutefois encore du travail à faire notamment pour les résultats au test de mathématiques, cours appliqué, au secondaire, qui sont sous les 50 %. C’est un problème dont nous sommes conscients et que l’on rencontre aussi dans les conseils anglophones. »

De son côté, la ministre de l’Éducation de l’Ontario, Mitzie Hunter, a rappelé que son gouvernement avait promis de revoir le cursus scolaire dans les prochaines années, notamment pour améliorer les compétences de base en mathématiques.

« Nous savons qu’il y a plus de travail à faire, plus particulièrement dans le secteur des mathématiques. C’est pourquoi nous avons lancé une nouvelle stratégie », a-t-elle expliqué en entrevue à #ONfr.

La ministre Hunter a aussi assuré qu’elle restait engagée à assurer la réussite des élèves aux quatre coins de la province.

Un indicateur parmi d’autres

Toujours est-il que pour le président de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), Rémi Sabourin, les tests de l’OQRE doivent être considérés avec plus de recul.

Rémi Sabourin, président de l’AEFO. Crédit image : AEFO

« Ce sont des données qui sont utiles pour les enseignants, mais qui ont souvent un impact négatif sur leur travail, car le gouvernement et certains conseils scolaires se basent trop dessus et changent de stratégie dès les résultats sortis, ce qui met une pression sur les enseignants. Nous pensons qu’il vaut mieux avoir une stratégie à long terme et faire confiance aux enseignants qui connaissent bien leurs élèves. Les tests de l’OQRE, c’est une donnée parmi d’autres! »