Une première victoire pour l’éducation en français

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OTTAWA – Revendication de longue date des francophones en milieu minoritaire, une entente stratégique en éducation a été conclue avec le gouvernement fédéral qui devrait permettre de mieux répondre aux besoins des francophones en contexte minoritaire.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

L’entente préconise une meilleure consultation des communautés francophones et une meilleure reddition de comptes quant aux sommes fédérales versées aux provinces pour l’enseignement dans les écoles francophones.

« Ça demeure une entente historique qui aura un impact très positif pour nos communautés. Il nous semble normal que celles-ci aient leur mot à dire et puissent faire connaître leurs besoins en matière d’éducation », commente Audrey LaBrie, vice-présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.

Signée le 20 juillet dernier et rendue publique le jeudi 14 septembre, cette entente doit permettre de mieux encadrer l’utilisation de l’enveloppe de 1,3 milliard de dollars sur 5 ans que verse le gouvernement fédéral aux provinces et territoires pour leur permettre de s’acquitter de leurs obligations en matière d’enseignement de la langue de la minorité et de la langue seconde. En Ontario, cette somme représente 79 millions $ par année.

Plus d’activités pour les élèves?

« Trop souvent, on ne sait pas comment ces sommes sont dépensées et on sait qu’elles ne vont pas toujours à l’éducation en français. Là, on va clarifier comment est dépensé l’argent du fédéral et à quoi il doit servir », explique le directeur général de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF), Roger Paul.

La FNCSF, la FCFA et la Commission nationale des parents francophones (CNPF) avaient lancé un front commun, il y a un an, pour demander au gouvernement fédéral de revoir sa manière de procéder avec les provinces et territoires.

« Peut-être qu’on va être capable d’offrir à nos enfants des cours de menuiserie, de danse, de théâtre… Pour l’instant, nos élèves suivent seulement les cours académiques parce qu’il n’y a pas beaucoup de fonds. Mais si on est certain que les fonds supplémentaires du fédéral se rendent dans nos écoles, ça va faire une grosse différence pour bonifier les services qui leur sont offerts » explique Marie-Pierre Lavoie, vice-présidente de la CNPF.

Encore du chemin à faire

Fruit de 13 mois de travail, cette nouvelle entente souffre toutefois de quelques lacunes. De l’aveu même de la FNCSF, il a fallu aux francophones mettre de l’eau dans leur vin.

« Au départ, nous voulions être à la  table des discussions avec le Conseil des ministres de l’Éducation et le gouvernement fédéral. Mais on s’est rendu compte que ce serait difficile à obtenir car les provinces sont très protectrices de leurs compétences en éducation. Elles auraient sans doute eu du mal à avoir un organisme national autour de la table », explique M. Paul.

Si l’entente a été validée par le gouvernement fédéral, il reste également encore à convaincre les provinces de la respecter, puisqu’elles ne l’ont pas ratifiée.

« Mais il ne faut pas oublier que Patrimoine canadien a signé cette entente et détient le gros bout du bâton, car il donne les fonds », souligne le directeur général de la CNPF, Jean-Luc Racine.

Une première étape

Selon la présidente de la FNCSF, Melinda Chartrand, certaines provinces pourraient jouer un rôle de chef de file pour encourager les autres à suivre les mécanismes de consultation et de réédition de compte inclus dans l’entente.


« Nous avons des provinces qui sont de bons élèves, comme l’Ontario, le Nouveau-Brunswick et l’Alberta qui peuvent jouer un rôle de leader auprès des autres provinces. » – Melinda Chartrand, présidente de la FNCSF


Le directeur général de la FNSCF se montre prudent.

« C’est une première étape. On est prudemment optimiste, mais en même temps, nous ne sommes pas naïfs. On sait qu’il va falloir continuer à sensibiliser chaque ministère de l’éducation. Nous allons faire notre part de travail en écrivant aux provinces pour qu’elles en prennent connaissance. Le travail n’est pas terminé, c’est juste un bon début! »