Grève à La Cité : la grande inquiétude des étudiants

Le Collège La Cité a été concerné par la grève.Archives #ONfr

OTTAWA – La grève dans les collèges ontariens entre, lundi 13 novembre, dans sa cinquième semaine. Au collège La Cité, c’est aujourd’hui un sentiment d’exaspération qui prévaut chez bon nombre d’étudiants. Avec la crainte d’éventuellement perdre leur session.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Ghita Hajjam, étudiante en deuxième année du programme de Publicité et communications, commence à trouver le temps long. « Au début, la grève ne devait pas durer autant. Les profs disaient qu’elle n’allait durer que trois semaines… »

Sauf que le temps qui passe menace directement d’annuler la session des étudiants. La semaine dernière, ils apprenaient que les cours étaient repoussés jusqu’au 22 décembre au lieu du 15 décembre. Autre modification : la semaine d’études prévue du 19 au 23 février est annulée. Une décision de La Cité pour pallier les heures en classe perdues en raison du conflit.

De quoi faire fulminer Ghita Hajjam : « Je suis étudiante internationale. Je m’en allais au Maroc ou aux États-Unis pour le temps des fêtes (…) Les étudiants sont complètement négligés dans cette histoire. Nous sommes les seuls à en payer les conséquences. »

Un avis partagé par Samuel Leblanc-Bergeron, étudiant en troisième année dans le programme de technologie de l’architecture. « Au début de la grève, on prenait ça pour des vacances, maintenant ça devient ridicule (…) La semaine de relâche est là pour quelque chose. Dans mon cas, c’est durant cette période où je travaille pour me faire de l’argent. Plus on repousse les sessions, plus on va rentrer tard sur le marché du travail! »

« On se sent prisonnier »

À savoir qui est responsable de ces chamboulements, les étudiants hésitent. Pour Ghita Hajjam, La Cité a manqué à son travail de communication. « Je n’en veux pas aux profs, mais nous n’avons plus le droit de communiquer avec eux. Nous n’avons aucune réponse quant à nos inquiétudes. On ne nous a jamais demandé notre avis dans ce conflit! »

« On se sent prisonnier », renchérit Samuel Leblanc-Bergeron. « Je n’en veux pas aux profs, mais le syndicat refuse d’accepter l’offre! Il faut que quelqu’un fasse quelque chose! »

Sur Facebook, les messages de frustration s’accumulent sur la page de La Cité. « D’après moi, la meilleure façon de revenir après cette grève aurait été de simplement annuler la session après avoir dépassé la troisième semaine de grève. Ensuite, avoir un remboursement d’au moins les deux tiers du prix car c’est le nombre de semaines que nous aurons perdu avec cette grève », fait part l’un des étudiants. « Complètement ridicule cette grève! Une session qui coûte plus 2 000 $ et déjà trois semaines de perdues! Pas fort! », écrit un autre.

Le SEFPO « exaspéré par le processus »

Sur le terrain, le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) dit déplorer la situation vécue par les étudiants. Une frustration qui incombe, selon lui, à La Cité. « Je comprends tout à fait les étudiants », soutient la représentante Mona Chevalier, en entrevue pour #ONfr. « On est exaspéré par le processus. L’employeur continue de profiter de l’argent de cette grève. Nous soutenons la proposition du gouvernement ontarien. »

Vendredi dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, Deb Matthews, avait enjoint les collèges à la création d’un fonds dans lequel ils verseraient toutes les économies découlant de la grève. « Ce fonds servira à soutenir les étudiants ayant dû faire face à des difficultés financières en raison de la grève », indiquait le gouvernement dans son communiqué.

Des discussions dans l’impasse, d’autant que le SEFPO appelle les membres à ne pas accepter l’offre patronale qui sera soumise aux membres de mardi à jeudi.

Jointe par #ONfr, La Cité a décliné notre demande d’entrevue. « Le Collège souhaite que les membres du syndicat puissent consulter la dernière offre patronale sur laquelle ils se prononceront à compter de demain », a précisé l’établissement dans un échange de courriels.

La présidente de La Cité, Lise Bourgeois. Capture écran La Cité

Dans une vidéo publiée le 3 novembre sur les médias sociaux, la présidente du collège, Lise Bourgeois, avait tenté de dissiper l’inquiétude des étudiants. « On s’assurera que vous pourrez compléter votre programme et acquérir les compétences pour lesquelles vous êtes inscrits à La Cité. »

Au total, 24 collèges ontariens sont concernés par cette grève déclenchée le 16 octobre. Le Collège Boréal et La Cité font partie des institutions francophones affectées par le conflit.